MARSTRAND - Histoire d'une île - page 155

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Chapitre 12
Un Suédois de Marstrand à Paris
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Parmi les citoyens de Marstrand se pressant pour accueillir Oscar II à son
débarquement, pouvait figurer le nouveau propriétaire de la pharmacie située à
l’angle du quai et de la place du Paradis, qu’il avait rachetée fin 1873. Cet
habitant de l’île de fraîche date s’appelait Axel Egnell. Qui était-il et d’où
venait-il ?
La famille Egnell a été fondée au début du 18
e
siècle par Henrik Eskilsson
(1683-1743), officier de l’armée de Charles XII, fils d’Eskil Jönsson, intendant
de domaine dans la province d’Östergötland au sud-ouest de Stockholm. La
famille habitait le hameau d’Ängnäs, sur la commune de Risinge, à l’extrémité
nord du lac Glan. Enfant doué, le jeune Henrik fit ses études, payées par la
bienveillante propriétaire employeuse de son père, Christina Kagg, veuve de
Salomon Skutenberg, désireuse de récompenser les services de son régisseur, à
Linköping, le chef-lieu de la province, avant d’entrer à l’université de Lund, en
Scanie devenue récemment suédoise. C’est alors qu’il se choisit le docte nom
d’Egnellius, vraisemblablement inspiré par celui du lieu où réside la famille.
Quand ensuite il opte pour la carrière des armes, ce nom est raccourci par les
militaires, gens pratiques, en Egnell. Selon la légende familiale, Henrik aurait
fait partie du groupe d’officiers qui, en 1718, choisirent de se débarrasser d’un
souverain dont l’insatiable goût de la guerre avait fini par lasser même ses plus
fidèles suiveurs.
C’est en 1720, deux ans après cet épisode malheureux, alors qu’Henrik
est toujours au service (il ne demandera et obtiendra sa retraite qu’en 1731), que
naît Carl Henrik, deuxième fils d’Henrik et de Christina Borg, qui auront en tout
cinq enfants. Carl Henrik va copier à l’identique la carrière de son père : lui
aussi étudie à Linköping, puis entre à l’Université (dans son cas Åbo en
Finlande alors suédoise), puis choisit le métier militaire, servant dans le
régiment d’infanterie de sa province Östergöta. A la différence toutefois de
celle de son père, sa vie sous l’uniforme sera tout à fait paisible, la Suède
n’étant plus une grande puissance depuis la paix de Nystad de 1721 et la
monarchie absolue ayant été remplacé par une sorte de régime parlementaire où
gouvernent alternativement les « Chapeaux » (la noblesse) et les « Bonnets » (la
bourgeoisie), en attendant que Gustave III reprenne solidement les rênes du
pouvoir en 1772. Il fait toutefois la guerre de Poméranie à la fin des années
1750, à la suite de laquelle il met fin à sa carrière sous l’uniforme. Il a épousé
Sara Collin, dont il aura trois enfants. Il vivra jusqu’à l’âge assez avancé à
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d’après « A la recherche de mes racines » de Gérard Egnell
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