MARSTRAND - Histoire d'une île - page 117

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« Tous les négociants étrangers qui visitent la pêche au hareng feront escale à
Marstrand à l’exclusion de toute autre ville et paieront à la Couronne le droit du hareng
(« åresill »), qui représente quatre centièmes et un demi thaler de douane pour chaque
cargaison de hareng exportée du royaume. Un négociant étranger ne peut pratiquer aucun
commerce pendant la pêche, qu’il s’agisse de viande abattue, d’huile, de peaux, de suif ou
d’autres marchandises, qui puisse être au préjudice ou dommage de nos sujets, à l’exception
seulement de celles qui sont nécessaires pour le temps de la pêche et de la salaison. Si
quelqu’un enfreit ces dispositions, ce qu’il avait avec lui sera détruit. Nos propres sujets ont
la liberté de se tenir aux endroits où le hareng se rend le plus et d’y pratiquer leur activité de
pêche, et paieront pour cela également le droit du hareng à Marstrand. Cependant ils ne seront
chargés d’aucun droit de douane sur le hareng qu’ils salent pour leur propre consommation,
mais s’ils le salent et l’exportent hors du royaume, ils devront payer les mêmes droits que les
étrangers. »
Vingt ans plus tard le roi Frédéric promulgua des décrets supplémentaires
sur la pêche au hareng et le commerce du Bohuslän ces deux branches d’activité
furent alors mises complètement entre les mains de Marstrand. Les actes
conférant ces privilèges furent pris au château de Fredriksborg les 12 et 13
juillet 1581: l’original en figure dans le « Livre des privilèges de Marstrand »
(aux archives publiques de Göteborg).
En vertu de ces décrets il était interdit à tous les étrangers de pratiquer
des « achats de terrain » sur la côte et de pêcher au nord de Marstrand,
d’acquérir et de saler du hareng sans qu’il soit chargé sur place, sous peine de
confiscation à la fois du navire et des marchandises, pour qu’ils exercent leur
activité uniquement et exclusivement à Marstrand, y acquérant et y salant leur
hareng. En même temps il était interdit à tous les habitants de l’archipel de
pratiquer « le trafic en mer, le courtage et les arrangements privés ». Ainsi les
gens étaient-ils tout simplement forcés de se rendre à Marstrand ou de faire
traiter leurs affaires dans cette ville.
Ce texte royal rigoureux eut des effets immédiats: en peu de temps
Marstrand concentra sur elle les richesses de la pêche au hareng y compris
toutes les activités commerciales et maritimes dans son sillage. La ville connut
un développement et brilla d’un éclat, dont rétrospectivement il est difficile de
se faire une idée de nos jours, tant la situation est différente.
Selon un document ancien il était expédié de Marstrand chaque année à
l’époque 50.000 cargaisons de hareng au moins (soit 600.000 tonnes): on peut
imaginer le nombre de gens qui devaient se trouver sur place pour mener à bien
une activité d’une telle ampleur, d’autant plus que toute la pêche annuelle du
hareng avait lieu entre septembre et le nouvel an.
Si l’on se base sur les statistiques de population établies par les
historiens, quelque 15.000 étrangers devaient habiter Marstrand et les îles
avoisinantes à chaque saison de pêche - auxquels il faut ajouter la population
résidente de la ville.
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