MARSTRAND - Histoire d'une île - page 44

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Le 25 avril 1759 le Collège du Commerce estima opportun, pour faire
face à cette situation, de faire prendre une décision royale concernant
« l’équipement des navires de guerre nécessaires pour la protection et la sécurité
du commerce maritime suédois ».
Tous les navires de commerce suédois qui souhaitaient être escortés par
un navire de guerre pendant qu’ils feraient route vers l’ouest devaient se
rassembler à Marstrand
.
Ceux qui allaient au Portugal, en Espagne, au
« Détroit » (de Gibraltar) et en Méditerranée devaient se rassembler à deux
moments précis de l’année, à savoir au commencement de mai et à la mi-
octobre. Pour ceux qui allaient en Hollande, en Angleterre et en France des
dates de rassemblement différentes étaient fixées: au milieu de mai, au
commencement d’août et aux premiers jours d’octobre.
Les navires de commerce étaient accompagnés habituellement d’un
navire de guerre de 50 canons, qui pouvait être le vaisseau de ligne
Sparre
(commandant Jägerskiöld) ou le
Sophia Charlotta
(commandant Oberg). L’un
ou l’autre de ces bâtiments suivait les navires marchands navigant en convoi de
Marstrand jusqu’à la côte portugaise, lâchant au passage ceux qui devaient se
rendre à Viana (Vigo), Port-à-port (Porto), Lisbonne, Saint Ybes [Yves]
(Setubal) ou Cadix, après quoi la flotte, ayant franchi le détroit de Gibraltar,
continuait à cingler le long de la côte espagnole jusqu’à Malaga, Carthagène,
Alicante, Barcelone, Marseille, Gènes et Livourne, où le vaisseau de guerre
stationnait environ quatorze jours, attendant les navires marchands revenant du
Levant, pendant que ceux qui avaient été convoyés jusque là poursuivaient seuls
leur voyage vers leur lieu de destination situé en Orient.
Le voyage de retour se déroulait de la même manière avec le ramassage
dans les différents ports des navires y ayant fait escale, Cadix étant la dernière
place de relâche avant le départ pour Marstrand, où la flottille était dissoute,
chacun faisant route alors seul vers sa destination. Outre les vaisseaux de guerre
mentionnés plus haut les convois étaient également escortés des frégates
L’Epervier
(capitaine Treutiger),
L’Aigle Noir
,
Le Chasseur
,
Diane
ou
Bellonne
.
Les frais de convoi n’atteignaient pas moins de 600 thalers pour chaque
navire de commerce de la Compagnie des Indes Orientales.
A l’époque du port franc, à la création duquel le rôle de plaque tournante
du commerce extérieur suédois qu’avait acquis Marstrand ne fut pas étranger,
les navires quittant Marstrand ou y arrivant furent exposés plus encore aux
corsaires, qui ne craignaient pas de se mettre en embuscade dans l’archipel du
Bohuslän. L’un d’entre eux, le fameux capitaine corsaire Robert Surcouf, de
Saint-Malo, est célèbre pour ses incursions à Marstrand. Durant la guerre russo-
suédoise de 1789, la Russie équipa à Glückstadt à l’embouchure de l’Elbe 10
bâtiments corsaires, chacun de 10 canons et 98 hommes d’équipage, pour
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