MARSTRAND - Histoire d'une île - page 131

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le plus repoussantes - et comment pouvait-il en être autrement? Plusieurs milliers d’ouvriers
des deux sexes étaient rassemblés là, venus de toutes les extrémités du pays, pour la plupart
des déchets sociaux, que la honte ou la fainéantise avaient chassés de chez eux ; il n’y avait
aucune surveillance policière, ou bien aucune ne pouvait être exercée, et ceux-là mêmes, à qui
elle incombait, baissaient les bras sans réagir face au débordement furieux de tous les vices.
Quand par la suite la pêche prit fin, ceux qui étaient les pires de tous restèrent là, perpétuant
cet état moral mortel dans lequel une partie de l’archipel se trouve encore. »
Pour en revenir à Marstrand, cette ville retira de la situation un bénéfice
non négligeable, ce dont au reste témoignent les chiffres de la population qui
pendant cette période s’élevèrent d’année en année. De 1747, année où
commença la nouvelle période de pêche intensive, à 1775, quand entrèrent en
vigueur les privilèges de port franc, le nombre des habitants de la ville tripla
pour atteindre son point le plus haut durant la dernière année du régime de
franchise (1794). Il y eut encore après cela dix ans de pêche abondante jusqu’à
la fin de cette période du hareng en 1808, année où se manifesta tout de suite un
recul, qui se prolongea jusqu’à la décennie 1840.
Pour se faire une idée claire des progrès de Marstrand pendant la grande
période du hareng de la deuxième moitié du XVIII
ème
siècle, il n’est besoin que
de se reporter à une carte de la ville datant de 1776, qui donne l’image d’une
localité tournée quasi-exclusivement vers la pêche au hareng. A la place des
actuels grands quais du port, la ville était bordée du côté de la mer d’un certain
nombre d’appontements de bois avançant sur l’eau, que les saleries voisines
utilisaient comme lieu d’emballage ou d’entreposage du hareng. La plupart des
maisons visibles sur la carte le long du port servaient de salerie, de magasin ou
de resserre, tandis que le bâtiment situé loin au sud abritait en son temps une
huilerie.
Parmi ceux qui pratiquaient ainsi la salaison du hareng à grande échelle,
on trouve un grand nombre de citoyens éminents de la ville, tels que le
bourgmestre Petter Ekström, le conseiller Cederberg, le commissaire aux digues
Westbeck, l’administateur des douanes Christ. Kamp, le lieutenant d’amirauté
Diursson, l’assesseur Wiggman, l’inspecteur Gust. Strandberg, ainsi que de
simples bourgeois comme Fredr. Bundsen, Petter Bask, Jean Gobardt, Olof
Boman, Jean Levander, Olof Kihlman, Johan Färnström et beaucoup d’autres.
L’industrie de l’huile de hareng au Bohuslän à la fin du XVIII
ème
siècle
C’est au cours des années où la révolution française avec la guerre qui
s’ensuivit ébranla l’Europe que la pêche au hareng au Bohuslän et la prospérité
qu’elle entraînait atteignirent leur point culminant ; un certain nombre des
grandes fortunes qui plus tard jouèrent un si grand rôle dans la vie économique
et sociale de Göteborg, doivent leur fondation à cette période. Les bancs de
hareng en effet continuaient sans cesse à gagner la côte en quantités
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