MARSTRAND - Histoire d'une île - page 68

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lancèrent alors des bombes pesant jusqu’à 150 kilogrammes. Le jour suivant
une autre batterie était également prête à Gustavsborg. Très vite le feu des
Norvégiens fut si violent que la haute tour de Carlsten se fendit et fut à ce point
abîmée que ses canons devinrent inutilisables. Certes le commandant envoya
des hommes pour réparer ce qui avait été endommagé mais les soldas n’avaient
pas plus tôt pénétré dans la tour qu’ils rebroussèrent chemin « comme s’ils
allaient étouffer ou tomber morts ». La situation devenait à chaque instant
toujours plus intenable pour la défense. On ne pouvait plus avoir d’eau fraîche
et la chaleur oppressante rendait son manque encore plus sensible. En même
temps Gyldenlöwe se préparait à l’assaut et et ses troupes avaient avancé à
distance de pistolet des murailles. Selon l’usage il envoya au devant un
trompette pour inviter le commandant à se rendre. Celui-ci avait alors perdu tout
espoir de tenir sa position plus longtemps. la muraille était partiellement abattue
et on ne pouvait plus tirer de la tour avec certains canons. Une grande partie de
la garnison était morte ou blessée, et les blessés et les brûlés manquaient de tous
remèdes, car il n’y en avait pas à l’infirmerie du camp. En conséquence, après
s’être consulté avec ses officiers, il décida d’accepter les conditions de reddition
que Gyldenlöwe lui offrait. Le 23 juillet, à trois heures de l’après-midi, il sortit
du fort, bannières déployées et fanfares sonnantes. Selon les conditions de la
reddition la garnison devait marcher jusqu’à Eda au Värmland, mais les
malades, environ 100 hommes, purent par faveur spéciale s’arrêter à Göteborg.
Ceux qui entreprirent la marche jusqu’à Eda comptaient à leur arrivée seulement
179 hommes.
Le commandant, qui avait défendu Carlsten avec une telle énergie,
échappa à tout blâme pour la capitulation. Du côté danois le souvenir de la
conquête fut honoré par une médaille spéciale, portant l’effigie de Gyldenlöwe
ainsi qu’une vue d’ensemble du siège.
« Le cimetière des Danois »
Quand à l’époque on empruntait le chemin traversant Koön d’Arvidsvik à
Backudden, on trouvait sur le sol au dessous de l’actuel cimetière de la paroisse
de Marstrand les cadavres d’un certain nombre de soldats tombés durant les
combats décrits ci-dessus. A leur mémoire il fut érigé sur le champ de bataille, à
l’endroit où les corps étaient les plus denses, une pierre de taille (bautasten),
l’endroit étant nommé encore aujourd’hui le « cimetière des Danois ». Depuis
lors cette pierre a été entourée d’un parc et en 1904, quand l’exposition de
Marstrand reçut la visite de pêcheurs norvégiens et danois, le défunt trésorier
des fortifications, Wald. Röing, fit munir la pierre d’un écusson portant
l’inscription:
« Danis MDCLXXVII »
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