MARSTRAND - Histoire d'une île - page 73

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aussi facilement que des positions déjà conquises, il recourut à la ruse et
commença de nouveau à négocier avec Danckwardt. Le capitaine danois
Pleyart, qui déjà auparvant était monté jusqu’au fort avec une offre de reddition,
y fut envoyé encore une fois muni d’une lettre pour Danckwardt.
En même temps Tordenskiold trouva moyen de faire circuler parmi les
soldats allemands mécontents de Carlsten une lettre destinée à exciter les
esprits, qui décrivait sa vaste supériorité et promettait une récompense au cas où
ils pourraient obtenir du commandant de s’abstenir de mettre la ville en feu. Il
travailla à effrayer le commandant lui-même en faisant croire à une certaine
madame S. résidant à Marstrand, proche amie de la famille Danckwardt, que lui
(Tordenskiold) attendait dans la semaine 20.000 hommes en renfort et qu’alors
le fort devrait tomber etc. Le mieux serait donc que le commandant capitulât
volontairement, avant que les volontés de Tordenskiold devinssent plus dures.
Madame S. transmit immédiatement les nouvelles qui atteignirent
l’entourage féminin du commandant ainsi que les nombreux habitants réfugiés
dans le fort, déjà inquiets de la canonnade ininterrompue, - et sous l’influence
du régiment de jupons présent à Carlsten Danckwardt céda. Une lettre de
Tordenskiold, qu’ « un certain Qvinfolk apporta au fort », donna le dernier coup
à son humeur vacillante, et, comme l’amiral ennemi y invitait Danckwardt à
envoyer un officier en bas dans la ville, qui pourrait se persuader de ses propres
yeux de la « force supérieure » de Tordenskiold, le commandant désigna le
capitaine Von Utfall accomplir cette mission. Le héros de la mer norvégien ne
s’attendait pas précisément à cette visite, qui menaçait de démasquer sa
fanfaronnade, mais il se reprit rapidement et fit circuler son peu de troupes
autant qu’elles pouvaient en ville, se montrant partout, et créant ainsi l’idée que
plusieurs milliers de Norvégiens et de Danois se trouvaient à Marstrand. Quand
le capitaine revint à Carlsten avec ses observations, Danckwardt capitula,
croyant que tout espoir était perdu.
Les pourparlers de capitulation durèrent deux jours, pendant lesquels un
« Conseil de Guerre » fut tenu à Carlsten par les officiers du fort et une partie
des officiers de marine de la flotte du port qui s’y étaient réfugiés. Un protocole
sur la situation à l’intérieur du fort fut rédigé et signé par tous les présents mais
ensuite Danckwardt, ne tenant pas compte de ce texte, fit ajouter sept lignes à
l’important document, de sorte que celui-ci prit le caractère d’une capitulation
générale.
La pièce (qui se trouve dans les archives du royaume) est signée par les
officiers suivants: le colonel Henrich Danckwardt, commandant; le chevalier
Erich Sjöblad, commodore; les capitaines d’amirauté Claes Ancarcreutz, Lars
Palmcrona, Jakob von Utfall; le capitaine d’artillerie Josias Mörck; les
capitaines de la flotte Robert Moffat, Thomas Wessling; les capitaines de
garnison Patrick Völsch, Ulrik Schwartzhoff; les lieutenants d’artillerie Jonas
Stierngranat, Johan Gran; les lieutenants Christian Spåre, Anders Uddström,
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