MARSTRAND - Histoire d'une île - page 168

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Le Suédois Ivar Krueger ou Kreuger, natif de Kalmar, port de la Baltique
face à l’île d’Öland, grand industriel, qui a d’abord fondé en 1908 une
entreprise de BTP (Krueger & Toll) à qui fut confiée la construction du stade
olympique de Stockholm, se lance en 1917 dans la fabrication des allumettes,
dont il devient, grâce à l’obtention de monopoles nationaux, en échange de prêts
aux gouvernements, le plus grand producteur mondial. Il est connu dès lors
comme le « roi des allumettes ». Après la guerre, il avait considérablement
étendu ses activités en Suède et en Europe, contrôlant l’industrie forestière
suédoise, investissant dans la pâte à papier, devenant l’actionnaire majoritaire
d’Ericsson et un actionnaire important de SKF, établissant sa plateforme
financière au Lichtenstein, qui, sur ses conseils, s’est fait paradis fiscal.
Le krach boursier de 1929 suscite une crise de liquidités au sein de
l’empire Kreuger. A partir de 1931 des rumeurs sur la mauvaise santé financière
de plusieurs de ses entreprises sont confirmées par la faillite de la compagnie de
BTP Kreuger & Toll. Certaines réserves déclarées se révèlent inexistantes. Des
bons de l’Etat italien déposées en gage auprès de banques sont reconnus comme
étant des faux. Le 12 mars 1932, Ivar Kreuger est trouvé mort sur son lit dans
son appartement à Paris. Les indices laissent penser qu'il s'est suicidé à l'aide
d'une arme à feu, mais le bruit se répandra plus tard, alimenté par la théorie du
complot, qu’il a été assassiné. Sa mort précipite la chute de son empire, qui
touche durement les entreprises, les investisseurs et même les particuliers, car,
peu avant le krach, Kreuger avait émis des milliers d'obligations, très populaires
en Suède, qui furent acquises par de nombreux ménages y ayant investi leurs
économies.
On imagine l’émoi dans la colonie suédoise de Paris, dont beaucoup de
membres sont directement et
durement
touchés
par
l’événement. Il est fait appel
à
Axel
Egnell
pour
débrouiller
l’écheveau
compliqué
des
affaires
Kreuger. Celui-ci, après des
mois de dur travail, réussit à
rétablir la situation des
entreprises dont les dossiers
lui avaient été confiés. Il
s’attire ainsi l’admiration
des milieux financiers et la
confiance des fonctionnaires des finances. En particulier il sauve la Banque de
Suède et de Paris, une institution financière privée travaillant en France, ayant
la colonie suédoise dans sa clientèle, dont Kreuger avait pris la majorité et dont
l’équilibre, avec la crise et la fin tragique du brasseur d’affaires, était gravement
Axel Egnell dans son bureau à l’UBP
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