MARSTRAND - Histoire d'une île - page 27

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Gustave II Adolphe, celui qui fit de la Suède une grande puissance européenne,
destinée à être la fenêtre du royaume sur la mer du Nord et les océans quand la
côte ouest de la péninsule était danoise, commençait à se développer, de sorte
qu’une certaine concurrence avec Marstrand se manifesta au fil des ans. Le plan
du roi de Suède Charles X Gustave semble pourtant avoir été originellement
que les deux cités devaient coopérer : les citoyens de l’une et de l’autre
jouissaient des mêmes droits et chacune des deux villes devait avoir un
représentant dans le magistrat (exécutif municipal) de l’autre. Par la suite
cependant les rythmes de l’activité des deux cités divergèrent, Göteborg prenant
la tête. En 1670 commença une nouvelle période de déclin dans l’histoire de
Marstrand, déjà marquée par tant de hauts et de bas : la ville tomba dans la
pauvreté, causée en partie par la disparition des privilèges et la cherté des
impôts, en partie par la guerre et les dommages du feu. Ce fut en fait la
proximité de Göteborg qui causa la ruine de Marstrand, car l’intérêt des
autorités fut attiré de plus en plus vers la dynamique cité du fleuve Göta.
Marstrand se vit interdire le commerce hors de l’archipel: Uddevalla, Strömstad
et Kungälv reçurent de nouveaux privilèges, qui engendrèrent la concurrence
avec Marstrand (1660-1675), et pour finir la pêche au hareng s’arrêta. A tout
cela s’ajoutèrent les misères de la guerre, en particulier le « Gyldenlöwefejden »
(fléau de Gyldenlöwe), quand la ville fut reconquise par les Danois en 1677,, et
les dommages du feu des années 1669 et 1682, qui dévastèrent totalement la
ville, ainsi que ceux de 1699, où seulement les quartiers sud furent rasés.
Les autorités suédoises apportèrent pourtant une aide considérable après
ces catastrophes. Ainsi par exemple fut accordée à la ville la franchise des droits
sur le sel pour quatre ans et il lui fut permis de se procurer du bois dans les
forêts de la couronne. Une facilité particulière également mentionnée fut la
détaxe de la bière de Wismar
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: or, trois ans après, les habitants s’étaient lassés
de boire toujours la même sorte de bière et se plaignirent à un certain K. M-t,
peut-être un fonctionnaire royal, qui répondit que la bière de Wismar était
toujours bonne. L’annexion de la Poméranie et de sa grande cité brassicole à la
suite des victoires suédoises dans la guerre de Trente Ans exigeait de trouver
des débouchés pour la célèbre bière dans sa nouvelle patrie.
Vers la fin du XVII
ème
siècle, la pauvreté à Marstrand était extrême et la
ville menait une existence languissante, mais après l’accession au trône de
Charles XII il y eut, peut-être grâce aux soldes envoyées à leurs familles par les
militaires servant sous ce roi belliqueux, une certaine amélioration, grandement
nécessaire à une société qui alors vivait seulement d’une maigre pêche. Après
1750 le hareng redevint plus abondant et le bien-être revint peu à peu, rappelant
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Fondée en 1226, Wismar, sur la Baltique entre Kiel et Stralsund, connut un essor prodigieux en tant que ville
hanséatique. La brasserie -Wismar était réputée pour son excellente bière - et le tissage de laine représentaient
d'autres sources de revenus. La guerre de Trente Ans entraîna le déclin de la ville. Suite au traité de Westphalie
(1648), elle fut cédée aux autorités suédoises jusqu'en 1803. Elle connut un nouvel essor au 19
e
s avec
l'établissement d'usines et le développement du commerce maritime.
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