MARSTRAND - Histoire d'une île - page 24

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habitants cassèrent la glace dans le port pour empêcher le passage à pied ferme
et la tentative échoua.
Le 20 mai 1585 Frédéric II visita Marstrand pour examiner les
dispositions prises sur place en matière de pêche au hareng, activité qui
intéressait fortement le roi, d’autant plus que lui-même avait créé les bases de
son développement par les privilèges accordés le 12 juillet 1581, qui mettaient
la totalité de la pêche au hareng au Bohuslän dans les mains de Marstrand et
interdisaient à tous les étrangers de pratiquer le commerce le long de la côte et
de pêcher, acheter ou saler du hareng au nord de Marstrand: ils étaient autorisés
à commercer et à acheter et saler leur hareng seulement à Marstrand, sous peine
de confiscation du navire et des marchandises.
Ce fut d’ailleurs la seule foi que le roi danois visita son royaume
norvégien pendant ses trente années de règne !
Parmi les privilèges royaux qui firent prospérer la ville au fil des années,
une disposition plus importante que toutes les autres mérite d’être mentionnée :
celle prévoyant que tout navire gagnant la côte ou la quittant devrait faire escale
à Marstrand et y payer un péage d’une livre à la ville. Dans ce qu’on appelle le
« livre des privilèges » de Marstrand (un recueil qui est conservé aux archives
nationales à Göteborg et qui contient un certain nombre d’ordonnances des rois
de Danemark et de Suède, écrites de leur propre main) on trouve le plus ancien
texte officiel concernant la ville, à savoir la liste des droits conférés à Marstrand
par Christophe de Bavière, un document daté d’Oslo en juillet 1442. Par cette
ordonnance royale les habitants de Marstrand reçoivent le droit de commercer
partout dans la province, et les étrangers se voient interdire les achats en dehors
de la ville. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1445, que ce monopole
sera aboli, sous l’influence des hommes d’affaires hanséatiques. La lettre de
privilège du roi Christophe, en vieux suédois, contient ce qui suit :
Nous, Christophe, par la grâce de Dieu roi de Danemark, Norvège, Suède, Gothie
(Göthe) et Vandalie (Vende)
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, comte palatin sur le Rhin et duc en Bavière, faisons savoir que
Nous, par grande et particulière faveur et grâce, avons pris et reçu, et par celle-ci Notre
lettre publique prenons et recevons nos chers citoyens de Marstrand ainsi que tous leurs
biens, serviteurs et domestiques sous notre royale protection, sauvegarde et garantie. Et nous
leur accordons la possession et la jouissance du « droit de Birka »
(du nom de la ville sur le
lac Mälar qui bénéficia de la première charte commerciale)
de même qu’à nos autres cités
commerçantes en Norvège. Nous leur accordons aussi de pouvoir sans limitation acheter et
vendre dans le Bohuslän et le Viken
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selon leur désir, nécessité ou besoin, où et quand bon
leur semblera, sous réserve qu’ils n’accumulent ni n’accaparent abusivement, et que le
surplus profite à Nous-mêmes et au royaume. Interdiction stricte à tout commerçant ou
visiteur étranger, sans notre permission spéciale, d’acheter ou de vendre dans les villes des
13
terre gerùanique qui a donné son nom aux célèbres Vandales, terreur de la Méditerranée, des
Vikings eux aussi
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Le Viken est en langue scandinave « le Golfe », c’est-à-dire la zone maritime des Détroits
entre la Norvège, la Suède et le Danemark, d’où le nom de « Viking » onné à ses riverains
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