Descendre la Volga - page 6

DE LA SEINE A LA VOLGA
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Le comte de La Pérouse
Si nous avons beaucoup voyagé, Abeille et moi, nous n’avions jamais été en croisière.
L’idée de rester confinés des journées durant sur un espace restreint entouré d’eau captant par
intervalles les visions éphémères de terres lointaines ne nous avait jamais séduits. Pour la
même raison je n‘ai jamais aimé habiter une île. Napoléon non plus, qui s’empressa de quitter
la sienne et que ses ennemis punirent à deux reprises en le reléguant dans une (la même raison
le fit partir pour l’Egypte au carrefour de trois continents, au lieu d’aller en Irlande, où
l’appelaient les indépendantistes de l’époque – deux siècles plus tard, l’administration
française, mon employeur, nous a envoyés sir la verte Erin, mais nous nous sommes aperçus à
notre grand soulagement que, du fait de l’absence de routes dignes de ce nom, c’est un petit
continent !). Nous ne sommes pas non plus des amoureux de la mer, la mer toujours
recommencée, chère à Paul Valéry. Une croisière fluviale a le mérite au moins qu’on défile
entre deux rives. Je savais qu’avec la Volga ce ne serait pas toujours le cas. Mais c’était la
Volga !
Je suis resté un fan de la Russie depuis les trois ans que j’ai passés jadis à Moscou
comme attaché commercial à l’ambassade de France (c’était alors l’URSS). Abeille, qui
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