Descendre la Volga - page 12

MOSCOU ET LE CANAL MOSCOU-VOLGA
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Le « réservoir » de Khimki
Moscou port maritime : on ne le sait pas toujours.
Le canal Moscou-Volga, long de 128 km, connecte la capitale de la Russie au plus
long fleuve d’Europe. Moscou est ainsi reliée par des voies navigables à cinq mers : la mer
Blanche, la mer Baltique, la mer Caspienne, la mer d’Azov et la mer Noire. La ville a pu ainsi
recevoir le nom de « port des cinq mers »
C’est Pierre le Grand qui ordonne d’en commencer les travaux en 1724 ; mais le tsar
bâtisseur meurt l’année suivante et le projet est abandonné. Il sera repris par Alexandre I
er
, le
vainqueur de Napoléon, en 1825 l’année de sa mort (celle d’Alexandre, Napoléon est mort
quatre ans plus tôt) et ne recevra pas davantage d’exécution. En 1932 Staline aurait posé son
stylo sur la carte et dit simplement : « Faites creuser là ». Le travail est confié aux prisonniers
du Dmitlag, une structure spécialement créée au sein du Goulag le 11 septembre 1932. Il est
terminé en 1937, des dizaines et peut-être des centaines de milliers d’ouvriers ayant péri à la
tâche (on a parlé de 800.000 morts). La superbe gare fluviale avec sa tour surmontée de
l’étoile rouge, à proximité de laquelle est amarré notre bateau, le R
USS
, est inaugurée en 1939.
Le canal commence sur la Moskova au nord-ouest de Moscou, non loin de Cerebrianiy
Bor Le Bois d’Argent, un quartier où les Moscovites ont leur datcha à proximité de la ville,
dont jadis celle de l’ambassade de France où j’ai passé d’agréables moments (j’ai appris
qu’elle avait été vendue depuis dans le cadre du programme de restrictions immobilières du
Quai d’Orsay) ; il comporte au total huit écluses ; la gare fluviale nord, où nous allons
embarquer, est située en aval de la première se situant au confluent avec la Moskova ; la
dernière débouche sur le « réservoir » (bassin de retenue) de Doubna (dit aussi d’Ivankovo),
alimenté par la Volga y arrivant de l’ouest ; l’existence de la centrale hydro-électrique
d’Ivankovo et la situation ni trop près ni trop loin de Moscou (pour que les savants se sentent
à l’aise et que le pouvoir puisse garder un œil sur eux) ont conduit à faire de Doubna est un
centre de recherche nucléaire soviétique ; un accélérateur de particules y fut construit de 1946
à 1949, toujours par les prisonniers du Goulag, cette fois sous la direction de Laurent Beria,
chef du NKVD (Commissariat du peuple aux affaires intérieures), le prédécesseur du KGB
(Comité de sûreté d’Etat).
Le « Russ »
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