Descendre la Volga - page 14

MOSCOU ET LE CANAL MOSCOU-VOLGA
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Caspienne, car Astrakhan, notre destination finale, en est distante de près de 200 km. Tout au
long du parcours de douze jours, un écran placé dans l’aire d’accueil au niveau 2 près du
comptoir de réception nous indiquera en permanence la position du navire. Nous ne serons
pas non plus coupés du monde car la centrale strasbourgeoise nous fera parvenir un bulletin
nous mettant au courant de l’actualité.
Tandis que Marc nous briefe, le « Mikhaïl Boulgakov », autre unité de la flotte de
Vodokhod, passe majestueusement par notre travers. Boulgakov, l’auteur de
La Fuite
, des
Jours des Tourbine
et du
Diable et Marguerite
. Comme ces souvenirs sont lointains, je me
promets de relire le dernier. Nous verrons d’ailleurs que notre compagnie fluviale a donné à
ses navires des noms très littéraires.
Les Porteuses d’Epis au parc de l’Amitié
La journée du lendemain est consacrée à la visite de Moscou. Connaissant déjà la ville,
y étant retourné avec Abeille pour le bicentenaire de l’infortunée campagne napoléonienne et
capable de m’y repérer, même si elle a beaucoup changé (lors de ma visite il y a trois ans
j’avais eu du mal à retrouver l’entrée de la rue où j’habitais du temps où j’y étais en poste),
grâce à ma petite connaissance du russe, nous décidons de faire cavalier seul. Nous n’irons ni
au Kremlin visité en détail il y a trois ans, ni à la galerie Trétiakov, où nous avions alors
admiré les icônes de Roublev et ses pareils, ainsi que le portrait présumé de madame de Staël.
Nous sommes à notre manière de « vieux Russes ». Heureusement la gare fluviale est
desservie par le métro, la dernière station de la « ligne verte » étant précisément « Gare
fluviale » (Retchnoï Voksal), atteinte en suivant la grande allée du parc de l’Amitié qui fait
face à la tour de l’étoile rouge, débouchant sur la chaussée de Leningrad (Leningradskoïé
Chossé), où nous accueille la nymphe de la marine russe haut juchée sur son socle, drapée
dans sa longue robe lui tombant aux pieds, tenant un navire de la dite marine entre ses deux
bras levés, puis en traversant la dite avenue grâce au passage souterrain non tagué, sans rien
qui traîne par terre, d’une propreté remarquable ; puis en continuant à travers bois (toujours le
parc de l’Amitié) jusqu’au centre commercial (iarmarka) qui jouxte la station. En émergeant
de l’autre côté de l’avenue nous découvrons deux groupes de bronze (on sait combien les
Soviétiques étaient amateurs de statues et le goût ne semble pas avoir changé depuis
l’avènement de la nouvelle Russie) : les porteurs de fruits (un couple, c’est le garçon qui
porte) et les porteuses d’épis (deux filles aux seins nus). Tout le monde est assis ou
agenouillé, et on se demande comment ils feront pour se lever. Plus loin c’est le monument à
l’amitié éternelle soviéto-hongroise, gage de notre liberté et paix, où deux citoyennes aux
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