Descendre la Volga - page 93

SAMARA
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un de plus - qui fut d’abord une banque puis le siège du PC local, doté d’une riche collection
de paysages et portraits nous donnant un vaste échantillon de la géographie et de l’histoire de
la Russie. C’est ainsi qu’on y trouve l’appel de Minime aux paysans de Nijni Novgorod pour
aller délivrer Moscou des Polonais avec le comte Pojarski, par Mikhaïl Peskov, un portrait de
Paul II enfant, celui de Speranski, le ministre réformateur d’Alexandre I
er
, et bien d’autres
encore, un charmant
Au bord de la Volga
, par Alexei Stepanov, ainsi que des œuvres d’art
soviétiques (j’eusse volontiers fait l’acquisition du catalogue, mais il n’existe pas encore, ce
sera pour une autre fois in cha Allah !). Nous avons passé beaucoup de temps à ce musée, la
gloire de la ville, digne d’être vu après ceux de Moscou et de Saint-Pétersbourg, et nous
n’avons plus qu’à remonter dans le bus pour rentrer à bord. Un coup d’œil en passant à la
statue de Vassili Tchapaïev, le héros soviétique de la guerre civile, déjà rencontré à
Tchéboksary, qui eut la chance d’avoir avec lui, pour commissaire politique, quelqu’un
sachant et aimant écrire, Dmitri Fourmanov, qui en 1923 publia
Tchapaïev
, le récit romancé
des exploits du jeune chef révolutionnaire précocement disparu, avant de mourir lui-même
d’une mauvaise grippe trois ans plus tard, à trente-cinq ans. Au milieu des années 1930 le
livre donnera lieu à un film du même titre, l’un des premiers grands succès du cinéma
soviétique. C’est sur la Volga, bien en aval de l’endroit où nous sommes, dans la région de
Nikolaïevsk, entre Saratov et Tsaritsine, qui n’est pas encore Stalingrad, que Tchapaïev, un
fils de paysans mobilisé en 1914 et qui s’est distingué pendant la guerre, entré en 1917 au
parti bolchevik, recrutera et formera des troupes pour l’Armée rouge. La ville de Kouïbychev,
le vainqueur de Koltchak, se devait de rendre hommage au combattant à qui la destinée n’a
pas permis de partager cette victoire.
Avant de la quitter nous avons interrogé notre guide Tatiana, qui est prof d’histoire,
sur la situation des profs dans la Russie d’aujourd’hui. Elle est fière de son métier, comme
tous les profs de tous les pays. Elle déplore la différence pécuniaire, allant du simple au
double et même davantage, entre les traitements des profs à Moscou et à Saint-Pétersbourg, et
ceux de leurs homologues ailleurs. Mais il fait tellement bon vivre sur la Volga.
Le monument à Tchapaïev
Nous quittons Samara (où nous avons retrouvé l’heure de Moscou), navigant à l’ouest
puis au sud-ouest. A bord, conférence sur « Le grand XVIII
ème
siècle, de Pierre le Grand à
Catherine II », toujours par notre accompagnatrice Tatiana. Nous y apprenons que le premier,
visitant la France, avait fait le projet de marier le jeune Louis XV à une demoiselle Romanov
et que la seconde fit venir Diderot à Saint-Pétersbourg pour le consulter sur les moyens de
transformer la Russie. Après les plaisirs de l’esprit, ceux de la bouche : les amateurs aux
palais éclairés sont conviés à une dégustation de vodkas : elles sont au nombre de cinq
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