Descendre la Volga - page 88

SAMARA
Samara, sur la rive droite de la
à 860 km au sud-est de
non loin de la
frontière avec le
s'est développée à partir d'une forteresse fondée en 1586, alors
que le tsar Fédor avait succédé depuis deux ans à son père Ivan le Terrible et que son beau-
frère Boris Godounov tenait fermement les rênes de l’Etat. Sa population s'élevait à 1.172.348
habitants en
ce qui en fait la septième ville de Russie, précédée de peu par Kazan, et son
agglomération compte environ 2,5 millions d'habitants. Elle porta le nom de
de
1935 à 1991.
Depuis les temps les plus éloignés et jusqu'au
e
cette région fut sous la
domination des tribus nomades, puis de la
En
les négociants italiens
mentionnent un village de Samar. Un événement spectaculaire se produit en ces années-là au
dit village. La femme du chef d’alors de la Horde d’Or y tombe malade. Or son époux a
entendu parler des vertus de thaumaturge du nouveau métropolite de toute la Russie, Alexis,
qui a pris ses fonctions en 1354 et a manifesté son esprit visionnaire en transférant le siège de
l’église russe de Kiev à Moscou. C’est aussi Alexis qui traduira les Evangiles en russe. Le
Tatare fait demander à Alexis de venir sauver sa femme. Le chef de l’Eglise russe n’hésite
pas. Il se met en route, descend la Volga en bateau, arrive et guérit la malade. Etant là-bas, il a
une apparition de la Vierge qui l’invite à construire là où il est une ville promise à un grand
avenir.
En
le tsar
rend
capitale de l'un des États successeurs de
la Horde d'Or, et le pouvoir de la couronne russe commence à se propager vers le sud et vers
l’est. En 1586, une forteresse est construite et une garnison y est installée.
Mais pendant deux siècles encore cette région eut mauvaise réputation. Les méandres
du fleuve et les vallées servaient d'abri aux pirates qui attaquaient les bateaux de négociants.
La région fut le théâtre des émeutes dirigées par Stenka
(1670-1671) et
(1773-1775). Des armées de Cosaques et de paysans échappés au
servage s'emparèrent des villes sur la Volga et contrôlèrent d'importants territoires. Les
troupes du tsar écrasèrent difficilement les émeutiers. Razine et Pougatchev furent exécutés à
Moscou. À partir de la fin du
e
les
(des brigands basés dans les montagnes
de ce nom en amont immédiat de Samara) cessèrent de menacer les voyageurs.
Au XIX
ème
siècle une production de la région de Samara lui amène de nombreux
visiteurs. Le lait de jument fermenté (koumiss) est réputé un remède souverain contre la
tuberculose. C’était la boisson favorite des Tatars si l’on en juge par cette anecdote que nous
rapporte Montaigne en ses
Essais
(I, 48) :
« Le Duc de Moscovie devoit anciennement cette reverence aux Tartares, quand ils
envoyoient vers luy des Ambassadeurs, qu’il leur alloit au devant à pié et leur presentoit un
gobeau [gobelet] de lait de jument (breuvage qui leur est en delices), et si, en beuvant,
quelque goutte en tomboit sur le crin des chevaux, il estoit tenu de la lecher avec la langue. »
En 1881, l’année de l’assassinat du tsar Alexandre II, Tolstoî vient près de Samara
faire une cure de cette salutaire boisson. Il part de Moscou en chemin de fer, gagnant un jour
(deux au lieu de trois) sur l’ancien trajet avec descente de la Volga en bateau à partir de Nijni
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