Descendre la Volga - page 81

KAZAN
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d’un million d’habitants, la grande ville la plus orientale de la Russie d’Europe, Perm où
débarqua Michel Strogoff pour continuer sa mission par voie de terre et dont il partit pour
franchir l’Oural en tarantass. La Kama sépare deux autres républiques du bassin de la Volga,
elles aussi sujets de la Fédération (comme la Tchouvachie et le Tatarstan déjà visités) :
l’Oudmourtie (capitale : Ijevsk) et la Bachkirie (capitale : Oufa). Elle se jette dans la Volga
près de Tchistopol (« La Ville Propre », mais ne le sont-elles pas toutes ?), qui est encore en
Tatarie.
Mais la Kama a un autre droit à la célébrité. C’est sur la
à 210 km à
de
toujours en Tatarstan, que se trouve Naberejnye Tchelny (« Les barques à quai »), un
établissement fondé vers 1172, ayant acquis le statut de ville en
petite ville de province
sans importance jusqu'en
date de la mise en service là-bas d'une très importante usine
de camions et de moteurs diesel, l’usine Kamaz, devant employer plus de 50.000 travailleurs.
Le projet avait été lancé en 1969 avec le concours à l’époque de Renault dans le cadre de la
coopération franco-soviétique lancée par le général de Gaulle (c’est Daimler qui en détient
aujourd’hui 11%). Connaissant un développement spectaculaire grâce à l’industrie
automobile, Naberejnié Tchelny fut renommée Brejnev au décès du dirigeant qui avait présidé
au développement du projet Kamaz, et porta ce nom de
à
L’entreprise Kamaz a
survécu à la chute de
Le catalogue compte aujourd'hui une trentaine de
modèles, tant à usage civil que professionnel ou militaire.
est venu célébrer
le 15 février 2012 le deux-millionième véhicule produit sur les bords de la Kama.
La rive gauche que nous surveillons est faiblement escarpée et fortement boisée. Les
deux rives ne cessent de s’écarter : nous sommes déjà sur le lac de retenue du barrage de
Samara, appelé aussi bassin de Kouibychev (de l’ancien nom de la ville aux temps
soviétiques). La route que suit le « Russ » le tient éloigné de l’un et l’autre bord. De temps en
temps un cap semble se profiler, mais rien n’annonce Tchistopol ou la Kama. Nous sommes
tous invités à la cérémonie du « thé à la russe ». Ceux qui persistent dans leur observation du
fleuve en seront pour leurs frais. Le soir tombe sans que nous ayons vu la Kama. Nous ne
repèrerons pas davantage la Spaseva, sur les bords de laquelle notre ami Désiré Fuzellier
passa six mois.
Le soir, après un récital de chansons folkloriques, concert de piano : Scriabine,
Schumann, Tchaïkovski, Dvorak, Debussy, Chopin, Rachmaninov. Mais quel dommage
qu’après
Anna Karénine
nous n’ayons pas eu droit au superbe film de Sergueï Eisenstein,
Ivan le Terrible
, racontant la prise de Kazan, film commandé par Staline au réalisateur
d’
Alexandre Nevski
(c’est d’ailleurs Nikolaï Tcherkassov, l’acteur favori du dictateur, qui
joue les deux rôles titres), sorti en 1945, l’année de la victoire sur les nouveaux Mongols
Kazan s’éloigne
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