Descendre la Volga - page 78

KAZAN
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artistique ; enfin Rudolf Noureev (ou Noureïev), né le
à
et mort le
à
, considéré comme le plus grand danseur classique du
XX
e
siècle, est d'origine tatare.
Quand Michel Strogoff, venant de Nijni Novgorod, fait escale à Kazan dans les années
1870, la ville est toujours distante de l’embarcadère comme elle l’était lors du passage de
Dumas douze ans plus tôt. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La zone entre la vieille ville et le
fleuve s’est largement urbanisée. Aussitôt débarqués au tout début d’une matinée qui
s’annonce radieuse (il est huit heures du matin), nous montons en bus pour gagner, en suivant
une avenue large et ombragée – nommée de façon appropriée l’avenue du Tatarstan -
occupant sans doute l’emplacement de la chaussée décrite par Dumas, la colline où est le
centre-ville.
Auparavant nous étions passés sous le pont de la Volga, reliant la ville des Tatars à
l’Occident, et avions vu défiler sur la rive gauche du fleuve assez escarpée de belles villas
noyées dans une abondante végétation. Nous avons abordé non loin du confluent de la Volga
avec la modeste Kazanka, dont la rive droite aperçue par-dessus l’estuaire est elle aussi
parfaitement urbanisée. Nous avons été accueillis par Viktoria. Arrivés en haut de la longue
avenue du Tatarstan, nous voilà rendus sur une esplanade immense, toute bordée de beaux
bâtiments, plusieurs encore en construction, dominée en son centre par une arche élancée
environnée de puissants jets d’eau dont certains envoient le transparent liquide presque à son
sommet (ce n’est pas l’eau qui manque par ici ! celle des jets d’eau sous nos yeux vient du
tout proche lac Kaban). Derrière nous, un gigantesque anneau d’or surmonte l’entrée d’un
complexe multifonctionnel. Cette halte a pour objet de nous apprendre l’histoire de la ville.
Viktoria compare Kazan à un chaudron (nous savons déjà que c’est le sens de son nom en
tatar) où sont cuites les 113 nationalités (mais oui, c’est le chiffre qu’elle nous donne !)
présentes localement. Je regarde les passants : le brassage ethnique a fait son œuvre : je n’ai
pas le sentiment de voir ici davantage de faciès asiatiques que dans les villes déjà traversées ;
je cherche les Tatars aux yeux bridés et n’en trouve point, comme si le moule russe avait
fondu les races exogènes. Tout le monde est vêtu à l’européenne. Manifestement Kazan est un
succès de la mondialisation.
Mais notre destination principale en cette visite, dont nous déplorons déjà l’inévitable
brièveté, car nous devons appareiller à midi et n’aurons donc à terre, une fois de plus, que les
habituelles quatre heures, est le kremlin. Un coup d’œil sur l’affiche électorale encore en
place (le scrutin ayant eu lieu avant-hier) du candidat Braian (est-ce vraiment un prénom
tatar ?) Treissy et nous voilà repartis.
Vaste place devant le kremlin (l’espace ne manque pas à Kazan). Belle statue de
l’esclave ligoté, symbole du peuple opprimé, tendant tous ses muscles pour se libérer. Nous
entrons par la tour du Sauveur construite au XVII
ème
siècle. L’horloge de la dite tour, de 4
mètres de diamètre, datant du XVIII
ème
siècle, a une particularité : ce ne sont pas les aiguilles
qui tournent mais le cadran. Occasion de constater qu’elle est en avance d’une heure sur nos
montres : le jour commence plus tôt à Kazan, la seule ville de notre parcours non rattachée au
fuseau horaire de Moscou. Une fois à l’intérieur, Viktoria nous emmène tout droit à la
mosquée, que nous admirons de loin, toute neuve, elle a été reconstruite en 2005. Son nom :
K
OUL –
C
HARIF
(Tout- Seigneur). On l’appelle aussi la mosquée bleue, comme à Istanbul,
pour la couleur de ses toits.
C’est
un lieu de culte, mais aussi un centre culturel et un musée de
la civilisation islamique de la Volga. Chemin faisant, notre guide nous vante la diversité et la
paix religieuse sur la Volga. Ayant chaussé les patins réglementaires, nous entrons et
contemplons d’en bas la grande coupole dite « chapka de Kazan » : celle qui existait lors de la
prise de la ville par les Russes fut emportée à Moscou. Nous montons dans les étages et
admirons de plus près coupole, lustre, arabesques et inscriptions coraniques. Peu de fidèles,
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