Descendre la Volga - page 79

KAZAN
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rien que des touristes, semble-t-il ; mais ce milieu de matinée n’est pas l’heure de la prière.
Délivrés des patins, nous reprenons notre chemin.
Au kremlin de Kazan la mosquée, la cathédrale et la tour
Malgré la paix régnante, un long bâtiment ou une rangée de petits bâtiments accolés à
trois étages sépare la mosquée de la cathédrale. Nous arrivons à celle-ci, au portail encadré
par deux plaques, l’une en tatar, l’autre en russe, mais ne pourrons y pénétrer. Nous ne ferons
donc pas nos dévotions à la Vierge de Kazan, dont une copie de l’icône originelle a retrouvé
sa place dans la cathédrale. Nous ne verrons pas le sarcophage de saint Goury ou Gourias,
premier évêque de Kazan, jeune noble au service d’un prince russe, qui, impliqué dans une
affaire d’adultère, se réfugia dans un monastère, dont il devint l’higoumène ; désigné par le
tirage au sort, Ivan IV l’envoie à Kazan en lui recommandant bien, ce qui est tout à l’honneur
du tsar conquérant, de ne pas convertir de force les musulmans. Nous ne saluerons pas non
plus saint Boris et saint Gleb, les fils cadets du saint prince Vladimir de Kiev qui amena au
Christ la Russie, réputés pour leur douceur et leur bonté, que leur frère aîné Sviatopolk fit
périr à la mort de leur père par crainte qu’ils ne lui disputassent la succession - ni saint André,
évangélisateur des Scythes, patron de la marine russe.
Avançons. La grand place s’ouvre devant nous. Au fond la tour
à la
tragique histoire imprégnant ses briques pâlies par le temps. A notre droite, le magnifique
palais au ton vert pâle très XVIII
ème
siècle du président de la république du Tatarstan, Rustam
Nurgaliyevitch Minikanov, défendu par une grille aux gracieuses volutes. Ces potentats
orientaux, qu’un froncement de sourcils de César pourrait défaire, ont décidément de belles
demeures. Sur notre gauche, également protégé par une grille à volutes, un autre palais
gouvernemental, jaune celui-là, sans doute les services de la Présidence. Nous ressortons du
kremlin par la tour dite du Secret, car abritant dans ses fondations un passage souterrain
menant à une source d’eau, que les soldats d’Ivan IV firent sauter quand ils assiégèrent la
citadelle (on suppose que cet accès au liquide sauveur avait été rétabli lors du siège de la
même citadelle par Pougatchev deux siècles plus tard). Quoi qu’il en soit aujourd’hui de cette
source, la rivière Kazanka qu’elle alimentait est maintenant devant nous, large comme la
Dordogne à Bergerac. Un dernier coup d’œil à la muraille du kremlin, long ruban blanc
déroulé sur une verte colline, un salut rapide à Chaliapine, héros local, et nous voici à l’entrée
de la rue piétonne très affairée en cette fin de matinée.
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