Descendre la Volga - page 73

KAZAN
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l’islam comme religion d’Etat), tandis que d'autres penchent pour une initiative des
de
la
On dit en français Tatar – comme en russe - ou Tartare (nom et adjectif). Le
nom de Tatars désigne à l'origine un ancien
qui, au
e
nomadisait entre la
partie orientale de la
et l'actuel
Ce nom, déformé par les lettrés du
est devenu « Tartare » par rapprochement avec le
fleuve des Enfers dans
la mythologie gréco-latine antique, et a servi à désigner l'ensemble des «
» venus de
l’est. L'ancien peuple tatar a disparu comme tel, les descendants se mélangeant aux
populations des territoires qu'ils ont conquis. Historiquement les Tatars ont été associés aux
Mongols lors des conquêtes de Batu-Khan, petit-fils de Gengis-Khan, et c’est leur nom qui est
resté pour les occupants de l’empire alors fondé autour de la mer Noire et sur la Volga, ainsi
que pour les Etats héritiers, dont le khanat de Kazan, issu de l'éclatement du territoire de la
Horde d'Or, dont la capitale sera Kazan de
à
En
part en campagne contre Kazan ; arrivé avec ses troupes à
proximité, il fait d’bord construire sur la rive droite de la Volga la forteresse de Sviajsk,
construite à l’aide d’éléments fabriqués à Ouglitch et transportés sur des barges descendant le
fleuve ; ce sera la base arrière à son armée ; le siège commence ensuite, un long siège, jusqu’à
ce que le creusement d’un tunnel sous les remparts permette d’en faire sauter une partie et de
donner l’assaut ; une bonne partie de sa population est massacrée tandis que les survivants
sont déportés ; la ville est annexée à la
La conquête de la Tatarie fut la première
annexion par l'Empire russe d'une région peuplée de non-Russes. Le régime tsariste ne
connaîtra plus que le « gouvernement » de Kazan et il appartiendra aux Soviets, plus
particulièrement au commissaire aux nationalités, le Géorgien Staline, de reconstituer une
République fédérée du Tatarstan.
Dans la foulée des Russes les Cosaques arrivent à Kazan. Alors se produit l’épisode
que relate Prosper Mérimée dans ses
Faux Démétrius
.
« Tandis que Démétrius [le premier] s’apprêtait à porter la guerre en Crimée, il était
menacé d’une guerre civile, et un prétendant nouveau venait de paraître pour lui disputer le
trône. L’exemple d’une imposture triomphante était trop tentant pour ne pas trouver des
imitateurs. Les Cosaques du Volga furent jaloux de la gloire et des récompenses gagnées par
leurs frères du Don et du Dniepr. A leur tour, ils voulurent avoir un tsarévitch,
miraculeusement sauvé, dont ils feraient un empereur. Un jeune homme, dont le véritable
nom est demeuré inconnu, se montra dans quelques villages de Cosaques aux environs de
Kazan, se faisant passer pour le prince Pierre Fédorovitch. C’était encore une victime de Boris
[Godounov]. Il était fils, disait-il, du tsar Fédor Ivanovitch et d’Irène. Enlevé à sa mère
immédiatement après sa naissance, on l’avait confié à des Cosaques, soit pour effacer toutes
les traces de son origine, soit pour le protéger du poignard de Boris, qui venait de frapper son
oncle, le jeune Démétrius. Une fille avait été supposée à sa place et reconnue par l’aveugle
Fédor. Cette fille, comme on sait, était morte au berceau… Il n’en fallut pas davantage pour
rassembler trois ou quatre mille Cosaques, qui se mirent à piller des villages au nom du
tsarévitch légitime… »
On sait que ce pseudo Pierre Fédorovitch sera capturé par les troupes du tsar Chouïski,
instigateur et bénéficiaire du complot contre le premier Dimitri, et promptement exécuté.
Mais Kazan n’en a pas fini avec les turbulents Cosaques, qui agitent périodiquement le bassin
de la Volga. Ainsi, durant l’hiver 1773-1774, Pougatchev amenant du Sud les Cosaques
rebelles prend et pille la ville (sauf la citadelle) ; l’insurrection est difficilement matée par les
troupes fidèles à l’impératrice Catherine. Pouchkine racontera en détail le sanglant épisode
dans son roman
La Fille du Capitaine
. Kazan, rebâtie par les soins de Catherine II, sera de
nouveau victime d’un incendie accidentel cette fois (mais sait-on jamais ?) en 1815, où, nous
dit Dumas, « vingt-deux églises, trois couvents et les trois cinquièmes de la ville s’écroulèrent
au milieu des cendres. »
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