Descendre la Volga - page 106

VOLGOGRAD
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Mais le point central de cette visite, c’est bien entendu la
ussie,
« le point le plus élevé de la Russie », selon la maxime nationale. Le bus nous dépose au pied
de la Voie sacrée et nous entamons l’ascension. Sur les marches de l’escalier aux nombreuses
volées se suivant, une inscription en lettres blanches : A notre patrie soviétique. S’il y a un
endroit dans la Fédération de Russie où l’on se sent toujours en URSS, c’est bien ici et c’est
normal. Notre guide nous raconte la grogne dans certaines couches de la population quand
furent entamés les travaux de ce gigantesque projet commémoratif. Avec tout cet argent,
disaient les gens, combien de logements aurait-on pu construire. Le pouvoir ne se laissa pas
intimider, mais c’est bien l’occasion de constater que des oppositions pouvaient se manifester
sous ce régime si méfiant envers la liberté d’expression. A ces premières marches succède un
long promenoir droit, entre deux rangées de beaux peupliers bien droits, tandis que la statue
réapparaît devant nous, toujours lointaine, se détachant sur le ciel bleu parcouru de petits
nuages. L’esplanade nous mène à un grand bassin circulaire, au centre duquel un guerrier
torse nu de belle taille brandit sa kalachnikov. C’est l’image du guerrier soviétique défendant
la mère-patrie. Il surgit tout armé de son rocher comme Minerve du front de Jupiter. Sacha
nous signale que ce guerrier n’était pas prévu dans le projet initial, mais qu’on s’aperçut que
c’était bien de glorifier la Mère Russie, mais que ce serait bien aussi de rendre hommage à ses
défenseurs.
Le Défenseur de la Mère Russie
Et voici la deuxième série de marches, aussi longue, aussi raide que la première mais
où l’on avance entre deux parois rocheuses sculptées célébrant les combattants et les habitants
de l’héroïque cité. En haut, devant nous, nouvelle pièce d’eau, rectangulaire cette fois, avec à
droite des statues, à gauche des gradins, au fond un long mur de béton, percé en bas à droite
d’une ouverture rectangulaire, au-dessus, la Mère Russie qui nous fait signe d’avancer. Nous
avançons. Au mur du fond une déclaration de Staline exprimant sa reconnaissance aux
guerriers, commandants et travailleurs politiques du front du Don (il n’y a pas eu de front de
la Volga puisque les Allemands, grâce aux défenseurs de Stalingrad, ne l’ont pas atteinte)
pour leurs actions excellentes au combat. L’ouverture rectangulaire se révèle être une suite de
portes vitrées donnant accès au sanctuaire de la Flamme du Souvenir. Là aussi il y a relève de
la garde, mais ce sont de vrais militaires cette fois, les aînés de ceux que nous avons vus en
bas. Le service militaire existe toujours en Russie, mais il n’est plus que d’un an (du temps
des tsars il pouvait être à vie). De la voûte où j’ai repéré les médaillons à leur effigie,
Souvorov et Koutouzov surveillent les mouvements. A la sortie du sanctuaire dans tout l’éclat
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