DE VOLOGOGRAD A ASTRAKHAN
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le Kazakhstan à cheval – c’est le cas de le dire – sur l’Asie et l’Europe, puisque le sud des
monts Oural, avec la ville d’Oural et le fleuve Oural jusqu’à son embouchure sur la
Caspienne, sont chez lui et qu’il occupe donc cette ingrate partie d’Europe entre Volga et
Oural (ingrate jusqu’au jour – ce jour viendra peut-être, comme disait Victor Hugo à propos
du retour de l’Empereur, qui effectivement arriva, par la grâce du Roi Citoyen – où du pétrole
y sera découvert).
Le « Joseph Staline » passe la première écluse du canal Volga-Don
« Des steppes ! ce nom oriental me fait pressentir à lui seul une nature inconnue et
merveilleuse ; il réveille en moi un désir qui me tient lieu de jeunesse, de courage, et qui me
rappelle que je ne suis venu au monde qu’à condition de voyager : telle est la fatalité de ma
nature. Mais faut-il vous l’avouer ? peut-être n’aurais-je jamais entrepris ce voyage s’il n’y
avait pas des steppes en Russie… » (Astolphe – quel beau prénom ! – de Custine,
La Russie
en 1839
)
Aurions-nous descendu la Volga s’il n’y avait pas eu la steppe au bout ?
Bien que nous soyons dans la steppe, la rive droite dont nous nous sommes rapprochés
est couverte d’une forêt dense où se distinguent nettement les troncs blancs des bouleaux,
droits et minces comme des traînées de fusées. Un coup d’œil à la rive gauche plus lointaine
révèle une végétation similaire. Par moments cependant la forêt recule, laissant apparaître une
terre dénudée n’offrant à sa surface que des touffes d’herbe irrégulièrement espacées. Il n’y a
plus de troupeaux. La navigation fluviale est rare elle aussi et voici pourtant un chaland qui
nous double à droite de toute la puissance de ses deux hélices laissant leur sillage d’écume. Le
reste du trafic – car le fleuve était plus animé en amont, crois-je me souvenir – a-t-il viré dans
le canal Volga-Don ? Les passagers en tenue de plein été prennent le soleil sur le pont arrière
aptement baptisé « pont du soleil ». Une petite gare fluviale se montre à tribord, simple
ponton surmonté d’un espace couvert sans étage, aux parois bleues se détachant agréablement
sur le bleu plus clair du fleuve. Autour, quelques voitures, une camionnette, un radeau
pneumatique. Derrière, une route de terre s’enfonce à travers les arbres.
Mais c’est l’heure de la conférence de Tania sur la Russie d’aujourd’hui. Elle est
entourée des jeunes de l’équipe, dont notre Dacha. D’abord les dates : 5 mars 1953 : mort de
Staline ; 1961 : Gagarine dans le cosmos ; 1962 : crise des fusées ; 1964 : chute de
Khrouchtchev ; 1979 : intervention soviétique en Afghanistan ; 1982 : mort de Brejnev ;
1984 : mort d’Andropov ; 1986 : Tchernobyl – arrivée de Gorbatchev ; août 1991 : putsch de
