ASTRAKHAN
116
aujourd’hui le karakul n’est plus présent que chez quelques éleveurs disséminés dans la région
et sa fourrure a quasiment disparu du marché. Astrakhan draine toutefois les pelleteries
arrivant de Sibérie.
En mars 1919, après une révolte ouvrière contre le pouvoir du parti
des
milliers des personnes furent exécutées par la
sous les ordres de
: de 2
à 4 000 grévistes tués. Il s'agit de la plus grande tuerie de prolétaires avant celle de
en 1921. Une partie des victimes fut jetée dans les eaux de la Volga avec une grosse pierre
autour du cou. Il n’est pas étonnant qu’Astrakhan ait fait bon accueil à l’été aux blancs de
Wrangel, avant d’être reprise par l’Armée Rouge à l’automne.
Astrakhan, la Venise de la Caspienne avec ses 80 ponts, car la Volga commence déjà
de s’y ramifier, est toujours aujourd’hui la capitale mondiale du
issu de nombreuses
espèces (brochet, saumon) et non plus seulement de l’esturgeon, en voie de raréfaction et se
réfugiant dans la partie sud de la Caspienne bordée par l’Iran. Alexandre Dumas, lors de son
passage à Astrakhan, avait noté : « Il y a deux choses pour lesquelles le Russe le plus avare
est toujours prêt à faire des folies : le caviar et les bohémiennes. »
Si les plus célèbres habitants des eaux du delta l’ont largement déserté, les bateaux à la
surface de ces eaux ont changé eux aussi. Le pétrole, évacué par oléoduc, ne remonte plus la
Volga (l’indépendance de l’Azerbaïdjan ayant par ailleurs distendu les liens avec Bakou).
Pourtant les compagnies pétrolières comme Loukoïl sont toujours présentes à Astrakhan. La
région bénéficie également des nombreuses ressources gazières exploitées par
le
premier employeur régional, ayant un superbe siège à Astrakhan. Conséquence naturelle des
activités fluviales et maritimes, il y a une construction navale non négligeable à Astrakhan. Le
deuxième pont sur la Volga a été construit par les Allemands (les nouveaux Allemands de la
Volga, reprenant une vieille tradition, d’ailleurs beaucoup d’anciens sont de retour)
Le climat est très continental. Les étés sont agréablement chauds avec une température
moyenne de 25° et des pointes au-delà de 30°. Les hivers sont froids, avec une température
moyenne de – 5° en janvier et en février. Il gèle en moyenne 42 jours par an. Il fait 40°
souvent en été et le thermomètre peut descendre jusqu’à – 40° en hiver. La Volga gèle jusqu’à
la mer Caspienne. Les précipitations (pluie ou neige) sont modérées, ce qui n’est pas sans
influence sur la végétation, immense steppe de broussailles. Les arbres typiques de la région
sont le saule pleureur et le peuplier et la fleur emblématique est le lotus. Il existe aussi un
raisin particulier au delta dit ejevika. La Volga n’est prise par les glaces à Astrakhan
qu’environ trois mois par an, ce qui facilite le rôle de port de mer joué par la capitale du delta
malgré son éloignement de l’embouchure. La Volga gèle toutefois jusqu’à la mer.
Astrakhan, comme les autres cités de la Volga, est une ville de toutes les religions,
ayant accueilli des fugitifs des régions voisines chassés par les persécutions. Elle possède
deux très belles églises : la
d’architecture néo-byzantine, avec ses
coupoles vertes, et cell
et
à l’entrée de son kremlin.
Ce kremlin abrite encore le monastère de la Trinité et la chapelle où se trouve le tombeau
d’un saint Cyrille local, qui fut le bâtisseur et le premier higoumène (supérieur) du monastère
local, sans rapport avec le père de l’écriture qui a gardé son nom. C’est aussi à Astrakhan qu’a
été construite et mise en service la 3
ème
église catholique en Russie (après Moscou et Saint-
Pétersbourg). Dans l’ère postsoviétique la ville s’est ouverte à l’architecture moderne avec
l’immeuble tout en hauteur, en longueur et en angles droits de l’hôtel AZIMUT, recommandé
aux touristes fortunés désirant explorer le delta, qui n’ont pas la chance comme nous de
dormir à bord.
