Descendre la Volga - page 37

IAROSLAVL
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Le concert à la Maison du Gouverneur
Mes recherches sur la campagne de Russie de Napoléon en 1812 m’ont fait découvrir
une autre personnalité de haut rang dont la présence a marqué Iaroslavl : en effet, le 18
septembre de cette fatale année, l’empereur Alexandre reçoit à Saint-Pétersbourg un message
envoyé par sa sœur la grande-duchesse Catherine depuis Iaroslavl, lui annonçant l’entrée des
Français dans Moscou. C’est cette même Catherine qui, au temps de l’alliance franco-russe
après Tilsit, avait épousé précipitamment Georges, duc d’Oldenbourg, pour ne pas être
donnée en mariage à Napoléon. Ce dernier se vengera par la suite en faisant occuper par
Davout le duché d’Oldenbourg, créant ainsi un des
casus belli
qui conduiront à la reprise des
hostilités. Catherine et sa mère, l’impératrice douairière Maria Fedorovna, sont depuis
toujours à la tête du parti anti-français. L’influence de ces femmes sur le tsar – Catherine,
l’aînée de ses sœurs, est sa préférée – et leur haine personnelle de Napoléon ont été
certainement des facteurs affectant l’attitude du souverain russe à l’égard de son adversaire.
Cependant Alexandre garde pour lui la terrible nouvelle, attendant la confirmation officielle
par son commandant en chef, le feld-maréchal Koutouzov, qui hélas ! ne tardera guère.
Catherine, pour sa part, tant que son ex-prétendant sera dans les parages, restera à Iaroslavl et
ne rentrera pas à Saint-Pétersbourg. Elle s’attachera à la cité de la Volga et y fera construire
plusieurs palais, contribuant à en faire un des plus beaux fleurons de ce qu’on appellera par la
suite l’Anneau d’Or.
Au sortir de la Maison du Gouverneur, toujours à pied, c’est un des charmes de cette
matinée, nous saluons Nicolaï Nekrassov (1821-1878), le poète qui vécut et étudia à Iaroslavl,
y tomba amoureux de la Volga, y puisa son inspiration et lui consacra de nombreux vers, ce
n’est pas un hasard si le monument, érigé en 1958, quatre-vingts ans après sa mort, est situé
au bord de la Volga, qu’il appelait « Oh Volga, mon berceau … », aujourd’hui, debout sur sa
colonne, il regarde le grand fleuve pour l’éternité... C’est Nekrassov qui écrivit dans son
poème « Troïka » mis en musique par Tchaïkovski :
« Dans ta solitude ne regarde pas le chemin
Et ne cours pas éperdument après la troïka !
Abolis maintenant et à jamais
La crainte du désir dans ton cœur ! »
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