Descendre la Volga - page 31

OUGLITCH
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évoquant un autre drame plus proche de nous celui-là ? nous sommes invités sur le pont
supérieur en salle de conférence à la projection du film russe
Anna Karénine
, tiré du roman de
Tolstoï.
J’ai eu la curiosité de rechercher sur Wikipédia tous (et toutes) les
Anna Karénine
du
cinéma. Les voici :
:
,
de Maurice André Maître, avec E. A. Soroktina ;
:
,
de
avec
:
,
de
avec
;
:
,
d
avec
;
:
(
Love
),
avec
;
:
,
de
encore avec
;
:
,
de
avec
;
:
,
avec Tatiana
Samoïlova ;
:
,
de
ave
:
,
de
;
:
,
de
avec
Le film que nous avons vu est-il celui de 1967, qui fut privé de festival de Cannes pour
cause de mai 68, ou celui de
? Je n’ai pas gardé les noms en tête. L’actrice jouant le rôle
éponyme est belle à souhait mais ne parvient pas à nous attacher ; le mari bafoué sachant se
contrôler est plus convaincant (il paraît que le modèle de Tolstoï fut le très conservateur
conseiller Constantin Pobiédonotsev, inspirateur d’Alexandre III, le tsar réactionnaire mais
aussi celui de l’alliance franco-russe, pour le meilleur et pour le pire) ; le découpage du
scénariste est souvent difficile à suivre : l’épisode le plus réussi, traité avec le plus de détail et
d’ampleur, est celui du champ de courses se terminant par la chute de Vronski et
l’évanouissement d’Anna ; mais les intrigues annexes, servant de contraste à l’histoire
principale, où l’on s’attarde avec plaisir dans la lecture, passent difficilement à l’écran, où
l’on est toujours pressé ; pourtant le film dure 130 minutes et nous ne voyons ce soir que la
première partie.
Ce qui est certain, c’est que nous eussions pu voir à bord un
Anna Karénine
différent
tous les soirs.
Nous atteindrons cette nuit-là le point le plus septentrional de notre parcours en
traversant le sud du lac-réservoir de Rybinsk (« la Poissonneuse », qui de 1984 à 1989 fut
renommée Andropov, du nom de l’éphémère successeur de Brejnev, après s’être appelée de
1947 à 1957 Chtcherbakov, en hommage à un proche de Staline, qui veilla à la rectitude
politique de l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale), sur lequel se greffe au nord
la voie navigable Volga-Baltique qui conduit à Saint-Pétersbourg par les lacs Ladoga et
Onega, un autre voyage à recommander aux amoureux de la Russie.
Andropov. Iouri Andropov, quinze ans chef du KGB et quinze mois maître de l’URSS.
Quand j’étais en poste à Moscou à la fin des années 1960, il se disait que la seule
« intelligentsia » du pouvoir soviétique était au KGB. Andropov en faisait certainement partie.
En 1978 il aurait avoué à son homologue cubain, au cours d’une visite là-bas, qu’à moins de
réformes profondes, l’URSS aurait disparu d’ici dix ans. Mot de voyant, qui se trompait à
peine sur la date. Peut-être, s’il avait vécu, cet autocrate devenu réformateur, un des
commanditaires de la répression en Hongrie et de la tentative d’assassinat de Jean-Paul II,
mais aussi l’inventeur de la légalité socialiste et le promoteur de la lutte contre la corruption
au sein du parti communiste, aurait-il su mener à bien la libéralisation du système politique et
le passage à l’économie de marché en évitant l’éclatement de l’Union. Mais l’histoire ne se
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