OUGLITCH
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proche de Moscou est manifestement très fréquentée par les touristes du pays. Nous obliquons
ensuite vers la grande maison jaune à fronton de temple grec.
Le premier arrêt est à l’église Dimitri–sur-le-sang-versé. Nous écoutons
religieusement la sombre histoire du jeune Dimitri, qui, là-bas debout, priant ou méditant,
devant la petite maison de briques qui était son refuge, ne fait pas attention à nous. Ce fut une
époque noire de l’histoire de la Russie, évoquée magistralement par Pouchkine dans son
Boris
Godounov
et magnifiquement mise en musique par Moussorgski, même si nous avons vu que
l’un et l’autre ont mis leur génie au service de la vérité officielle aux dépens peut-être de la
réalité historique.
Notre étape suivante est la cathédrale de la Transfiguration, devenue un musée, où
nous attend un groupe de choristes, qui nous donnent un petit récital. Ensuite c’est temps
libre. On nous conseille d’aller inspecter les montres Tchaïka dans les boutiques du quartier
marchand, mais Abeille et moi avons pris le goût des églises et nous en visitons encore deux :
la cathédrale de l’Epiphanie (Bogoïavlénié) et l’église de Fédorov, toutes deux appartenant au
monastère de l’Epiphanie aux longs bâtiments conventuels impeccablement blanchis à la
chaux.
L’église Dimitri-sur-le-sang-versé
et le jeune Dimitri priant ou méditatif
Retour à bord. Départ au crépuscule sur fond d’usine hydro-électrique. Gérard et
Béchou nous invitent à prendre l’apéritif dans leur cabine. Nous saluons leur initiative. Nous
serons très à l’aise tous les six chez eux. Ils ont fait des provisions appropriées au centre
commercial de Khimki. Nous dégustons donc pistaches et ogourtsi (j’apprécie fort quant à
moi ces « concombres marinés à l’eau de sel » dont Gautier, plus réservé à leur égard, dit
qu’ils ne lui ont « pas paru autrement délicieux ») et buvons la vodka à notre santé mutuelle,
« na », ou « zа (l’un et l’autre se dit ou se disent) zdarovié ! ». Après le dîner servi comme
toujours par notre charmante Viktoria, est-ce pour nous faire oublier le drame d’Ouglitch en
