Descendre la Volga - page 33

IAROSLAVL
Comme nous dormions en naviguant vers Iaroslavl, laissons la parole à Théophile
Gautier qui est tout yeux à bord de son
Provornii
.
« Des berges un peu plus hautes, surtout du côté gauche, encaissaient le fleuve. Le
paysage n’avait pas changé de caractère sensiblement. C’étaient toujours des bois de sapins
alignant, comme des colonnades, leurs fûts grisâtres sur un fond de verdure sombre ; des
villages aux isbas de rondins disséminés autour d’une église à dôme vert ; parfois une
demeure seigneuriale tournant sa façade curieuse vers le fleuve ou tut au moins posant en
vedette aux angles de son parc, un belvédère ou un kiosque peints de couleurs vives ; des
rampes de planches escaladant la rive et menant à quelque habitation ; des terrains ravinés par
les crues et le retraites des eaux ; des plage sablonneuses, où piétinaient des troupeaux d’oies,
où descendaient pour s’abreuver des troupeaux de bœufs et de vaches ; mille variations des
mêmes motifs que le crayon ferait mieux comprendre que la plume. »
Le
Provornii
touche Iaroslavl pour une très courte escale, qui est l’occasion d’un
regret et d’un remords : « Nous gravîmes la rampe du quai et montâmes dans la ville… La
vue dont on jouit de ce point est fort belle Comme nous la contemplions, un jeune homme
s’approcha de nous et nous offrit, en assez bon français, de nous servir de guide pour voir les
curiosités de la ville ; il ne semblait pas Russe, et ses habits râpés, mais propres, accusaient la
misère de l’homme bien né à qui son éducation interdit les travaux manuels. Sa figure pâle,
maigre et triste, respirait l’intelligence. Le bateau à vapeur devait repartir dans un quart
d’heure, et nous ne pouvions risquer une excursion à travers Iaroslavl sans courir la chance
d’être oublié sur la rive. A mon grand regret, il nous fallut refuser les services du pauvre
diable qui s’éloigna avec un soupir résigné et comme habitué à de tels mécomptes ; - une
mauvaise honte, dont nous gardons le remords, nous empêcha de lui glisser un rouble-argent
dans la main ; mais il avait l’air si comme il faut que nous craignîmes de l’offenser. »
Il en a tout de même vu assez pour faire cette remarque :
« Iaroslavl a bien le cachet des vieilles villes russes, si le nom de vieux peut être donné
à quelque chose en Russie où le badigeon et le coloriage recouvrent opiniâtrement toute trace
de vétusté. »
Nous qui avons la chance de rester plus longtemps à Iaroslavl et que notre guide russe
francophone, aux services retenus de longue date, attend, tâchons d’en profiter. Et d’abord
quelques mots sur Iaroslavl.
Iaroslavl est située au confluent de la
et de la
à 282 km au nord-est de
Sa population s’élevait à 599.169 habitants en
Desservie par le
elle est une des plus vieilles cités de la Russie. Elle aussi fait partie de l
La
vieille ville de Iaroslavl est inscrite au
depuis 2005.
Iaroslavl (« iar » est un mot russe signifiant « rive escarpée ») est mentionnée pour la
première fois en
Elle a été fondée pour assurer la protection de la route entre la Volga et
e Grand. Selon la légende, le fondateur de la cité serait le prince de Kiev
qui aurait fait construire la ville à l’endroit même où il avait combattu et occis un
puissant
C’est d’ailleurs en référence à cette légende qu’un
dressé sur les pattes
postérieures et brandissant une
est représenté sur les
de la ville. À
l’époque, Iaroslavl était l’une des villes les plus orientales de la
(dont notre
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