IOCHKAR OLA
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A l’été 1788, arrive au pays des Tchérémisses un voyageur inattendu, un Français,
venant de l’Est et même du grand Est, Jean-Baptiste de Lesseps, qui a appris le russe auprès
de son père consul général à Saint-Pétersbourg, qui est parti avec Lapérouse autour du monde,
et que le chef de l’expédition a débarqué au Kamtchatka en octobre 1787 pour porter à
Versailles les rapports sur la première partie de son voyage. Lesseps, qui nous a laissé le récit
de son voyage, un récit plein d’observations pénétrantes sur les régions traversées et la façon
de vivre de leurs habitants, nous signale chez les Tchérémisses un détail du costume local qui
l’a frappé.
« La coiffure des Tchérémisses m’a paru singulière ; c’est un morceau de bois sculpté,
de huit à dix pouces de long & de quatre à cinq de large, qu’on pose presque à la racine des
cheveux, de manière que la partie supérieure de cette espèce de toque penche un peu sur le
front. On l’attache, puis on l’environne d’un mouchoir blanc, peint ou brodé ; les couleurs les
plus tranchantes, les dessins les plus chargés sont choisis de préférence, & une large frange ou
une dentelle d’or ou d’agent, selon le luxe ou l’aisance des individus, bordent ce mouchoir qui
est très grand & retombe par derrière. Quant à l’habillement, je ne puis mieux le comparer
qu’à nos robes de chambre. »
Les temps ont manifestement changé. Nous n’avons pas remarqué que les Maris
vivaient en robe de chambre, ni repéré sur leurs têtes des couvre-chefs aussi élaborés.
Lesseps, ayant franchi la Volga, passe devant les villes de Kozmodemiansk et de Makariev
(« réputée pour ses fabriques de toile », mais ce n’est pas l’époque de la foire), est blessé
quand sa kibitka (sorte de carriole bâchée, permettant d’y dormir, car notre voyageur est
pressé) rencontre un obstacle, arrive la tête ensanglantée à Nijni Novgorod, où, ayant consulté
un chirurgien, il aime mieux laisser faire la nature et repart, « heureux d’être débarrassé de
l’opération & de l’opérateur », la ville lui ayant inspiré ce commentaire digne de Custine :
« Nijni Novgorod est, comme tout le monde sait, sur la [sic] Volga, et ressemble à toutes les
villes Russes… »
Mais quittons l’oncle de Ferdinand (il sera gouverneur de Moscou sous Napoléon et
finira sa carrière à Lisbonne, où il emmènera et formera son jeune neveu) pour revenir chez
les Maris.
Pendant l'ère soviétique, et particulièrement après la
Iochkar-Ola était un centre régional dans les domaines de l'industrie et des transports. La
dissolution de l'Union soviétique a entraîné la suppression du soutien aux entreprises d'État et
conduit à l'effondrement de la plupart des activités de fabrication de la région. L'essentiel de
l'activité économique de la ville a alors été soutenu par des marchands, qui faisaient la navette
entre les marchés de Moscou et les bazars de Iochkar-Ola. La ville s'est reconvertie dans la
mécanique, l'industrie alimentaire, et surtout la transformation du bois. La zone industrielle
comporte maintenant de nombreuses entreprises qui fabriquent des semi-conducteurs, du cuir
artificiel, des vitamines, des vêtements...
La vie culturelle et sportive y est intense. La capitale possède cinq théâtres, une école
des Beaux-Arts, une école de musique, des salles multiplex, de nombreux musées, deux
patinoires et deux complexes sportifs. On y trouve trois universités, une école polytechnique
et trois instituts d'Etat fréquentés par plus de 20 000 étudiants. Depuis le changement de
régime ont été construites ou reconstruites plusieurs cathédrales et le patriarche Alexis II y a
créé une éparchie (évêché). Tout récemment un étonnant décor européen (palais et jardins
italiens, maison à pignon de style hollandais) y a été réalisé avec le projet d’en faire un pôle
de tourisme régional et national.
Iochkar Ola est jumelée avec Lyon depuis 1993 et avec Bourges depuis 2005. Nous
apprendrons par la suite, à l’occasion d’une représentation de
La Vie parisienne
d’Offenbach
par les Tréteaux lyriques à la salle Gaveau, en lisant attentivement le programme avant
