Descendre la Volga - page 66

IOCHKAR OLA
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habitants en
La ville est située à 850 km à
de
et à 60 km à l’est de la
à laquelle une excellente route la relie aujourd’hui à travers la forêt de pins et de
bouleaux
Son nom signifie « la ville rouge » dans la
une de ces étranges
langues finno-ougriennes ayant survécu en Europe. La ville a précédemment reçu les noms de
Tsariovokokchaïsk (la ville du tsar sur la Kokchaga), durant la période impériale, et
Krasnokokchaïsk (la ville rouge sur la Kokchaga), durant quelques années, sous le régime
soviétique, avant que la ville ne soit renommée Iochkar-Ola en 1927. Ces anciens noms
étaient dérivés de celui de la rivière
qui arrose la ville.
Le pays des Maris, également connus sous le nom de Tchérémisses, a été annexé à la
Russie par le tsar Fédor, fils et successeur d’Ivan le Terrible, le conquérant de la Volga. La
république des Maris, aujourd’hui sujet de la Fédération de Russie, a reçu son statut en 1936
sous Staline dont on se rappelle qu’il était géorgien, qu’il avait été fait par Lénine
commissaire aux nationalités dans le premier gouvernement bolchévique et qu’il était
particulièrement sensible à la situation des allogènes dans l’URSS, leur accordant les droits
nationaux dont les tsars les avaient privés en contrepartie de leur allégeance absolue à l’Union
et au parti. Les Maris ont ainsi pu développer leur littérature nationale dont le fondateur est
Sergueï Tchavaïno, dont le drame historique « Akpatyr » (l’histoire d’un ancien prince tribal)
donna lieu à un opéra dont la musique fut composée par E. Sapaïev. Le grand auteur
dramatique en langue mari est M Chketan. Les principaux écrivains sont N. Rybakov, V.
Koloumb, A. Stépanov, A. Kroupniakov. Les Maris ont aussi leurs poètes : M. Ivanov Batrak,
J. Chapdar, Olyk Ipaï, Iyvan Kourlia. Grâce à mon récit, tous ces noms célèbres sur la rive
gauche de la Volga arriveront sur les bords de la Seine.
Or la république des Maris a sa fenêtre sur la Volga : la petite ville de
Kozmodemiansk, située en amont de Tchéboksary, ayant grandi sur le site d’un fort créé par
Ivan le Terrible pour contenir les barbares de la rive gauche, qui prit son nom des saints
orientaux Côme et Damien, ces deux frères pratiquant la médecine, martyrisés ensemble sous
Dioclétien, le premier devenant patron des médecins, le second des pharmaciens.
Kozmodemiansk, où s’arrêtaient au XIX
ème
siècle les vapeurs reliant Nijni Novgorod à Kazan,
est réputée pour son musée de peinture regroupant les œuvres d’artistes russes et locaux.
Désiré Fuzzelier, avant d’arriver à Tchéboksary, s’est arrêté chez « les Tjeremiski
[Tchérémisses], peuples nomades emmenés du fond de l’Asie, qui ont été établis en colonies
par Elisabeth [la tsarine Elisabeth I
ère
, fille de Pierre le Grand, l’impératrice férue de culture et
francophile]. Ils ont pour divinité le soleil. Ils sont plus obligeants et moins désagréables que
les Russes. Les femmes portent de grands cercles en cuivre derrière les oreilles. Elles ont un
costume tout à fait différent des Russes : leurs vêtements sont parsemés de grandes taches
rouges. Ces peuples ont une langue qui dérive du grec et du turc. Ils ne sont point admissibles
aux places civiles et militaires, et sont les esclaves des Russes [on comprend mieux l’apport
de la révolution bolchevique aux peuples de la Volga]. Ils sont assez laborieux, cultivent la
terre. Ils ont des lits [remarque significative de la part de quelqu’un qui n’en a plus depuis
longtemps]. Les femmes ont sur leurs tempes deux sortes de jugulaires, semblables à celles
des shakos ; mais elles sont garnies de pièces de monnaie en argent. Elles tienne beaucoup de
la mollesse des Orientaux.»
Les Maris ont été des païens jusqu’à la conquête russe et beaucoup d’entre eux le sont
restés. On est chrétien dans la montagne et païen dans la plaine. Aujourd’hui encore le
président de la République des Maris est béni, à son entrée en fonction, par l'évêque
orthodoxe et par le grand prêtre maria
.
Le paganisme a beaucoup marqué la culture mari, en
particulier la musique jouée par des instruments locaux : gusli (ou gousli, instrument à
plusieurs cordes pincées, apparenté soit aux cithares, soit aux lyres), cornemuse, tambour,
chalumeau. Le plus célèbre compositeur mari est Igor Palantaï.
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