Descendre la Volga - page 22

LA VOLGA
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socialiste, a immortalisé
(qui sont en fait
Les Haleurs de la Volga
),
ces travailleurs de force assurant le mouvement des chalands le long du grand fleuve, usant
sans répit leurs chaussures ou
lapti
, se nourrissant de pain et d’oignon, ayant pour capitale
Rybinsk, point le plus septentrional de leur parcours, dont la population, au moment où ils s’y
installaient, chassés du fleuve par l’hiver, passait de 14.000 à 180.000 habitants.
A la source de la Volga a été posée le 27 juin 1789, sous l’impératrice Catherine II,
une pierre munie d’une inscription dédiant le fleuve à la Russie. Le mot « volga » signifie
« endroit marécageux » en balte. Bizarrerie grammaticale : en français, le nom propre
« Volga » est masculin jusqu’au XX
ème
siècle ; Astolphe de Custine, Alexandre Dumas et
Jules Verne disent – et écrivent – le Volga – peut-être parce qu’il s’agit d’un fleuve – alors
qu’en russe le mot « reka » signifiant fleuve (ou rivière, il n’y a pas de distinction) est féminin
– mais la Seine, la Loire et la Garonne sont, elles aussi, des fleuves féminins.
La Volga était connue par les anciens Grecs sous le nom, emprunté à l’Egypte, de
fleuve
Rha
. Il est
Itel
ou
Youl
pour les Tatars,
Attal
ou
Ittil
pour les Turcs. Dans le folklore
russe, la Volga est connue sous le nom de « Mère Volga » en raison de sa fonction
nourricière.
Au
des tribus
s'établirent sur son cours supérieur, tandis que
des
s'établissaient sur son cours moyen (les Bulgares de la Volga, du VIII
ème
siècle
au XIV
e
siècle) et les
sur son cours inférieur.
Ces derniers établirent à Itil (Astrakhan), près du delta de la Volga, la capitale d'un
empire (VIII
ème
siècle-X
ème
siècle) qui s'étendit de
à
au détriment des Slaves
orientaux et des Bulgares de la Volga. Ils sont surtout connus pour s'être convertis au
avant d'être vaincus par les armées du grand-duc de Kie
er
en
C'est durant cette période que la Volga devint une voie commerciale majeure à l'est de
l'Europe. Contrôlée par les
de la
en aval de
au
XIII
ème
siècle, la Volga, sur le delta de laquelle se trouvait la capitale de la Horde d'Or,
fut disputée au XV
ème
siècle, après l’éclatement de la dite Horde d’Or, entre les
et de
Après la prise de
par
en
puis celle
en
l'ensemble du cours du fleuve passa sous le contrôle de l'empire russe. Pour asseoir son
emprise sur la région de nombreux
furent édifiés, presque tous sur la rive droite
(occidentale) plus escarpée. Parmi ceux-ci, certains sont devenus de grandes agglomérations :
fondée en
(aujourd'hui
en
(aujourd'hui
et Samara en 1648.
Le reflux des Mongols ou Tatars et l’arrivée des Russes marquent les débuts de
l’irruption sur la basse puis la moyenne Volga des Cosaques, populations nomades ou semi-
nomades d’origine russe, vivant dans les steppes méridionales de la Russie, composées au
départ de réfugiés fuyant la misère ou la justice, constituées en véritables républiques élisant
leurs chefs, devenus, dans les grands espaces à leur disposition, d’excellents cavaliers, ayant
gardé un goût farouche de la liberté. Il y a les Cosaques du Dniepr (ou Zaporogues), ceux du
Don, il y aura ceux de la Volga, et plus au sud ceux du Terek, le fleuve-torrent descendant du
Caucase jusqu’à la mer Caspienne. Au « temps des troubles » à la fin du XVI
ème
siècle, quand
la Russie connaît une grave crise dynastique dont nous aurons abondamment l’occasion de
parler, les Cosaques de la Volga, jaloux de leurs congénères du Don et du Dniepr, qui ont
réussi à mettre sur le trône moscovite Dimitri Ivanovitch, le présumé fils miraculé d’Ivan le
Terrible, soutiendront leur prétendant à eux, Pierre Fédorovitch, le fils de Fédor, fils et
successeur du même Ivan, un fils qui aurait été remplacé à sa naissance par une fille qui ne
vivra pas. Les fins tragiques de Dimitri et de Pierre, puis l’avènement des Romanov, mettront
provisoirement un terme à ces menaces venues du sud.
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