LA VOLGA
21
Le peuplement de la région est alors assuré par des colons russes, par des Cosaques
sédentarisés et par des Allemands fuyant leur terre natale surpeuplée et attirés par l'offre
d'installation de l’impératrice
(1767). La Volga devenait un
facilitant l'expansion russe en
et sur la
mais aussi les
rébellions contre cette expansion comme celle des chefs cosaques
en
1670 et Iémilian Pougatchev en 1773-1774, cette dernière racontée par Pouchkine dans son
Histoire de Pougatchev
puis servant de cadre à son roman
La Fille du Capitaine
. Catherine II
avait voulu peupler le territoire fertile de la Basse Volga en y attirant des colons étrangers :
Allemands (ses compatriotes d’origine), autres Européens et même des Indiens. La révolte de
Pougatchev, déclarant être Pierre III, le tsar époux de la dite Catherine détrôné par sa femme
et tué dans sa prison, était aussi une réaction contre ces indésirables nouveaux venus.
L’invasion de la Russie par Napoléon en 1812 et l’arrivée de la Grande Armée à
Moscou révèlent d’une certaine manière la Volga à l’Europe. Barclay de Tolly, le
commandant en chef russe au début du conflit s’est déclaré prêt à reculer, s’il le faut, jusqu’à
la Volga ; le tsar Alexandre, qui a déjà visité Kazan, envisage, si Saint-Pétersbourg est
menacé, de s’y installer, y déplaçant le gouvernement de l’Empire ; l’aînée de ses sœurs
comme nous verrons, est déjà à Iaroslavl sur le cours supérieur du fleuve ; ce sont finalement
les prisonniers français qui partiront en direction de la Volga, répartis entre les différentes
villes riveraines ; certains y resteront et y feront souche ; d’autres compatriotes les rejoindront
librement au cours du XIX
ème
siècle, comme ceux qu’Alexandre Dumas, accomplissant son
rêve de descente du grand fleuve, sera tout surpris et heureux de découvrir lors d’une escale
imprévue que les hasards de la navigation l’ont amené à effectuer. Le siècle avançant, le
chemin de fer atteindra puis franchira la Volga, rattachant définitivement à l’Europe l’ancien
territoire des successeurs de Gengis Khan, offrant de nouvelles possibilités aux villes édifiées
le long du grand fleuve. Les activités de ces centres urbains porteront au XIX
e
siècle sur le
commerce, la
la conserverie de poisson, la construction navale et la maintenance
du matériel ferroviaire. Mais la région restera globalement en marge de la
jusque dans les
date à laquelle furent construits un premier combinat
métallurgique et une usine de tracteurs (à Stalingrad).
Les graves crises qui affectent la Russie au XX
ème
siècle n’épargnent pas les pays de la
Volga. Quand après la révolution d’Octobre se déclenche la guerre civile, les Blancs venus du
sud et de l’est investissent le grand fleuve, avant que les Rouges reprennent le dessus. Durant
la
la Volga fut la base arrière de
bousculée ou
refoulée par les troupes allemandes mais sans cesse reconstituée. Les Allemands atteignirent
la Volga, mais ils ne la passèrent pas. La sanglante
(aujourd'hui
, eut lieu là où le fleuve ayant atteint le point le plus occidental de son cours
inférieur se heurte à une série de collines qui le rejettent vers la Caspienne, des collines qui
furent âprement disputées par les belligérants durant des mois, les victimes de part et d’autre
se comptant par centaines de milliers. Cette bataille, qui fut une catastrophe pour l’assaillant,
permit aux
de renverser le rapport de forces et de changer le cours de la guerre.
Même là où elle ne fut pas atteinte par les Panzer, la Volga, zone-refuge des usines
d’armement, fut une cible de l’aviation ennemie et subit de graves dommages. En revanche, à
la fin des hostilités, le fait d’avoir ainsi participé à l’effort industriel de guerre fut le point de
départ d’un essor économique marqué.
En effet, après la Seconde Guerre mondiale, plus de deux cents usines (machine-outil,
automobile, etc.) furent construites dans les principales agglomérations. De gigantesques
travaux d'aménagement furent entrepris par le pouvoir soviétique sur la Volga et son affluent,
la
pour en faire des artères de communication permanentes, produire de l'électricité et
irriguer les terres peu arrosées situées le long du cours inférieur. La Volga est devenue une
succession de « réservoirs » (le mot employé en russe pour les bassins de retenue des barrages
